L’Europe vient de frapper un grand coup contre la criminalité financière en ligne. Un réseau international de blanchiment d’argent issu d’escroqueries en cryptos, actif depuis plusieurs années et impliquant des centaines de victimes, vient d’être démantelé. La France, en collaboration avec plusieurs pays européens, a joué un rôle central dans cette opération transnationale qui révèle l’ampleur du phénomène.
Un réseau transnational structuré autour de fausses plateformes d’investissement
L’enquête, menée sur deux ans avec l’appui d’Eurojust et des autorités françaises, a permis l’arrestation de neuf individus soupçonnés d’avoir orchestré une fraude d’envergure. Ces derniers utilisaient de prétendues plateformes d’investissement en cryptos pour piéger leurs victimes, leur promettant des rendements mirobolants. En réalité, les fonds collectés étaient immédiatement blanchis à travers des montages complexes, incluant l’achat de biens immobiliers, de montres de luxe et le transfert de sommes colossales via des comptes offshores.
Selon les estimations, le réseau aurait blanchi l’équivalent de 700 millions de dollars. Une centaine de Français figure parmi les victimes. La saisie des avoirs, parmi lesquels figurent plus de 100 000 euros de montres, plusieurs biens immobiliers et des millions d’euros en liquidités, confirme l’efficacité de l’opération.
Une affaire révélatrice des failles du système crypto européen
La réussite de cette opération repose sur une coopération judiciaire européenne étroite, impliquant la France, la Belgique, Chypre, l’Espagne et l’Allemagne. Elle illustre la capacité des autorités à suivre les flux financiers complexes liés aux cryptos et à agir contre des structures sophistiquées, même réparties sur plusieurs juridictions.
Les enquêteurs ont mis en lumière les failles réglementaires utilisées par les malfaiteurs : pseudonymat des transactions, absence de contrôle chez certains prestataires, et manque d’éducation des investisseurs. Le démantèlement de ce réseau pourrait ainsi servir de cas d’école pour renforcer la réglementation européenne sur les actifs numériques, en particulier via le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets).
Cette affaire pourrait également inciter les exchanges et les services liés aux cryptos à renforcer leurs dispositifs de vérification d’identité (KYC) et leurs protocoles de lutte contre le blanchiment d’argent (AML).


