Un coup de tonnerre dans l’univers des cryptos. Les États-Unis viennent de réaliser la plus importante saisie de bitcoins de leur histoire : plus de 127 000 unités, d’une valeur estimée à 15 milliards de dollars. Derrière cette opération, un vaste réseau d’escroqueries baptisé « dépeçage de cochon », piloté depuis le Cambodge. Une enquête hors norme qui redessine les frontières de la criminalité financière à l’ère numérique.
Une fraude tentaculaire née au Cambodge
L’affaire prend racine à Phnom Penh. À la tête du réseau, Chen Zi, fondateur du Prince Groupe, un conglomérat implanté au Cambodge et soupçonné d’avoir orchestré des arnaques crypto massives. Selon le ministère américain de la Justice, les enquêteurs ont mis au jour un système sophistiqué de fraude et de blanchiment, s’appuyant sur des milliers de comptes et de wallets interconnectés.
Le mode opératoire reposait sur le principe du « pig butchering », littéralement « dépeçage de cochon » : les escrocs gagnaient la confiance de leurs victimes, souvent par le biais de fausses relations sentimentales ou professionnelles, avant de les pousser à investir dans de prétendus produits crypto à rendement garanti. Les fonds étaient ensuite détournés vers des plateformes contrôlées par le réseau.
Après plusieurs mois de traque numérique et de coopération internationale, les autorités américaines ont saisi 127 271 bitcoins, soit environ 15 milliards de dollars. Dans un communiqué officiel, le Department of Justice a qualifié cette saisie de « plus importante confiscation de l’histoire du ministère ». Une opération qui consacre les États-Unis comme le premier détenteur mondial de bitcoins saisis par la justice.
Les États-Unis, nouveaux gardiens du bitcoin
Avec cette saisie, le portefeuille de bitcoins détenus par Washington atteint 325 283 unités, contre 198 012 auparavant. Ce bond spectaculaire place désormais le pays loin devant la Chine, longtemps considérée comme son principal rival dans la détention d’actifs numériques issus de procédures judiciaires.
Cette montée en puissance s’inscrit dans une politique assumée. En parallèle de l’annonce, le président Donald Trump a signé un décret officialisant la création d’une réserve stratégique de bitcoin, détenue par l’État fédéral. Les États-Unis rejoignent ainsi le Salvador et le Bhoutan, les deux seuls autres pays à posséder des réserves souveraines en bitcoins.
Cette affaire s’ajoute à d’autres saisies majeures réalisées ces dernières années. En 2022, les autorités américaines avaient récupéré 94 000 bitcoins volés à la plateforme Bitfinex, pour une valeur de 3,6 milliards de dollars. Quelques mois plus tard, elles annonçaient la confiscation de 69 000 bitcoins liés au site de vente de drogues Silk Road. Des records aujourd’hui largement éclipsés par l’opération dite du « dépeçage de cochon ».
Une bataille géopolitique et financière
Au-delà de son aspect judiciaire, cette saisie souligne la volonté des États-Unis de consolider leur position dans l’économie numérique mondiale. En accumulant des bitcoins via des saisies judiciaires, Washington se dote d’un levier financier inédit, à la croisée de la technologie et de la géopolitique. Reste à savoir comment cette réserve stratégique sera gérée : comme un simple stock juridique ou comme un outil de puissance économique.
L’affaire du « dépeçage de cochon » marque un tournant dans la lutte internationale contre les escroqueries crypto. En frappant un réseau implanté en Asie du Sud-Est et en récupérant 15 milliards de dollars en bitcoins, les États-Unis affirment leur suprématie technologique et judiciaire sur ce terrain sensible. Mais cette victoire révèle aussi l’ampleur des risques qui pèsent sur les investisseurs, souvent victimes de manipulations numériques transnationales. Dans un monde où la confiance se mesure en lignes de code, la bataille pour la sécurité financière ne fait que commencer.


